dimanche 13 mai 2012

Une autre vision de l'enfant, celle de Maria Montessori

waittfoundation.org
Bien longtemps avant Françoise Dolto, Maria Montessori lance un extraordinaire plaidoyer pour la personne de l'enfant. Elle nous fait revivre le passage de la naissance avec un lyrisme et une éloquence insoupçonnés :

"On m'a parlé d'un homme qui vivait dans l'obscurité la plus profonde; ses yeux comme du fond d'un abîme, n'avaient jamais vu la plus légère clarté.
(...)
Et maintenant, le voilà qui s'avance, qui assume tous les travaux, blessé par la lumière et par le bruit, fatigué jusque dans les fibres les plus intimes de son être, poussant le grand cri :
Pourquoi m'as-tu abandonné ?"

Le ton est donné. Le regard que Maria Montessori porte sur l'enfant est une considération sur l'humain. Pour elle, dans l'enfance "s'élabore la création de l'homme". L'éducation est donc d'une importance primordiale.
L'enfant, Maria Montessori, ed. Desclée de Brouwer

Auparavant, j'avais dans l'idée que la pensée de Maria Montessori se situait dans l'étude de la fine motricité, de l'impact du sensoriel dans l'assimilation et l'appropriation des concepts. Avec ce livre, j'ai compris que sa pensée dépasse largement une étude de l'intelligence. Elle se penche sur l'esprit, allant même jusqu'à l'âme.
Elle considère les bébés comme des "embryons spirituels", leur esprit enfermé dans ce corps qui ne sait encore rien en faire. Avec la croissance et le développement de l'enfant, cet esprit va petit à petit s'incarner dans la chair en en prenant le contrôle.
"L'incarnation est le processus mystérieux qui animera le corps inerte du nouveau-né et qui donnera au corps l'usage des membres, aux organes l'articulation de la parole,e t le pouvoir d'agir selon la volonté; ainsi, l'homme sera incarné."
Cela fait presque frissonner comme si je lisais un mythe babylonien fondateur. Elle voit l'esprit de l'enfant qui n'aspire qu'à croître et e développer. Notre rôle est de l'aider par tous les moyens. Une telle considération de l'enfant l'amène à prendre très au sérieux la dignité des ceux que nous appelons si souvent les "petites personnes". 
Imaginons que nous devions dépendre de quelqu'un pour la quasi-totalité des actions de notre vie quotidienne. Quelle estime de nous-même aurions nous ? C'est pourquoi elle nous encourage à favoriser l'autonomie et la responsabilisation de l'enfant : lui montrer comment se débarbouiller, s'habiller, se coiffer, se laver les mains, débarrasser son couvert, etc ... Il est indéniable que cela demande beaucoup, beaucoup, beaucoup de patience à l'adulte face à la lenteur et la maladresse de son enfant. mais en  réfléchissant bien, n'est-ce pas tout simplement génial d'avoir un enfant pleinement indépendant et responsable, lorsqu'on se projette vers le temps de l'adolescence où on se lamenterait : " Mais pourquoi ne pense-t-il pas tout seul à mettre son jean dans la machine s'il veut le porter demain?" 
Elle l'écrit ainsi : "En voyant les efforts de l'enfant pour exécuter une action souvent inutile ou futile et que l'adulte pourrait accomplir en un instant, et avec bien plus de perfection, il est tenté de l'aider, interrompant ainsi un travail qui le gêne.
(...)
Cette aide inutile apportée à l'enfant est la première racine de toutes les répressions et par cela même, des dommages les plus dangereux que l'adulte puisse lui apporter."

Se mettre au rythme de l'enfant est donc le premier travail auquel l'adulte doit s'atteler. Il faut observer son enfant, prendre le temps de digérer ces informations pour ne pas court-circuiter son développement. Il est vrai que nos bouts de choux apprennent tant de choses durant leurs premières années, que nous en restons épatés. Il sont animés d'une telle énergie ! Il en résulte parfois de grandes frustrations lorsqu'ils ne parviennent pas à faire ce qu'ils veulent : s'exprimer, se faire comprendre, attraper cette chose triviale pour nosu, mais qui revêt une importance capitale pour eux à goûter, écouter, manipuler, pour la classer dans leur inventaire de l'environnement.
C'est typiquement quelque chose que nous avons tous observé et qui se termine généralement par une belle crise de larmes. Les personnes alentours disent bien que c'est un gros caprice et qu'il va passer. Je ne faisais pas exception. C'est alors que j'ai lu la phrase de Maria Montessori qui m'a laissée la plus songeuse : "Les caprices sont les premières maladies de l'âme."
Il y a de quoi réfléchir. pas sur, que je sois toujours apte à prendre le recul nécessaire pour comprendre ce qui motive mon rejeton à me faire une telle scène, mais c'est définitivement quelque chose à garder en tête pour moi.
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